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ScienceCritique : Réflexions sur l'usage de la science
20 mai 2020

Sauver des vies à tout prix ?

Sauver des vies à tout prix ?

 

Suite à diverses remarques, je voudrais donner une précision concernant l’article précédent. Quand je parle d’un danger qui n’existe pas, il s’agit d’un danger pour la France, pas pour chaque français. Notre pays n’était pas en danger, mais il y avait des citoyens en danger de maladie et de mort. Qui sont ces personnes, ont-elles des caractéristiques communes, ou majoritaires ?

Il n’est pas facile de trouver des chiffres fiables. Je me référerai à trois sources :

Infographie (FranceInfo) du 15 mai

Statista (institut de statistiques) 12 mai

Des chiffres plus précis concernant l’hôpital de Lyon, cité par Lyon Capitale, 15 mai.

 

Ces chiffres cohérents entre eux, même s’ils ne sont pas exactement identiques, montrent que

  • Près de 80% des personnes décédées avaient plus de 65 ans
  • Environ 60% avaient plus de 80 ans. Les hommes étaient nettement plus nombreux que les femmes.

Ces chiffres sont à rapporter à deux autres, concernant la population française  en général, que l’on peut trouver sur le site INSEE

  • L’espérance de vie à la naissance est de 82,5 années  (79,8 pour les hommes, 85,7 pour les femmes)
  • L’espérance de vie en bonne santé est de 63,4 années pour les hommes et 64,5 années pour les femmes. Rappelons que cette notion de vie « en bonne santé » a été définie par l’OMS. Son directeur général, le Dr Hiroshi Nakajima affirmait : « sans qualité de la vie, une longévité accrue ne présente guère d'intérêt (...), l'espérance de vie en bonne santé est plus importante que l'espérance de vie ».  (INSEE)

 

On voit que près de 60% des personnes décédées suite au covid19 avaient dépassé l’espérance de vie à la naissance et 80% l’espérance de vie en bonne santé. En se référant à l’article d’Anne-Laure Boch déjà cité, on sait en outre que les personnes âgées soignées par intubation gardent des séquelles et ne survivent pas longtemps.

Les chiffres précédent montrent que la grande majorité de personnes décédées, n’ont en fait perdu qu’une petite partie de leur vie, la partie perdue étant en mauvaise, ou très mauvaise santé. « Il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie, mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années », disait, paraît-il, JF Kennedy, (à moins que ce ne soit Oscar Wilde, peu importe).

 

Quelles conclusions tirer de cette étude un peu cynique ? Qu’il fallait laisser mourir les personnes après un certain âge ? Evidemment non ! Que le nombre de personnes jeunes et sans comormidité est tellement faible qu’il n’y avait pas lieu de les soigner ? Evidemment non ! Que des vies ne valent pas la peine d’être sauvées ? Evidemment non ! Que le coût des traitements était prohibitif pour des vieilles personnes ? Evidemment non ! Que les cafouillages dans la gestion de crise, notamment concernant les masques, ont été sans importance ? Evidemment non ! Que l’hôpital public n’a pas besoin de moyens adéquats pour faire face à des crises ? Evidemment non ! Si les mesures prises n’avaient nuit à personne et aient sauvé ne serait-ce qu’une vie, même d’une personne très âgée, elles seraient justifiées.

Mais ce n’est absolument pas le cas, puisque ces mesures sont nuisibles pour presque toute la population valide. Si le nombre des personnes décédées augmente avec l’âge, la nuisibilité des mesures augmente avec la jeunesse. Ce sont les enfants, les plus petits en premier, qui sont les principales victimes ; les pédiatres lancent un cri d’alarme et les enseignants avouent leur impuissance à appliquer les fameuses mesures de « distanciation sociale » à des petits enfants[i]. Les travaux des psychologues du comportement et des éducateurs ont montré l’importance capitale des interactions proches, notamment tactiles, pour le développement des enfants. Ne pas consoler un enfant qui est en détresse peut lui provoquer des angoisses graves.

Fallait-il choisir entre laisser mourir des personnes âgées, et détériorer notre mode de vie tout en terrorisant notre jeunesse ? Evidemment non ! C’est ce qu’on appelle une alternative impossible. Pourtant, nos gouvernants, accompagnés par la meute médiatique, ont choisi la deuxième voie, la pire, au lieu d’en chercher d’autres : ils ont choisi de sacrifier le présent des biens portants et le futur des enfants, de nous embarquer dans un mode de vie invivable, de détruire des emplois, de massacrer des pans entiers de notre économie, dont des fleurons qui faisaient la fierté de notre pays. La liste des sinistres conséquences est sans commune mesure avec les éventuels avantages de ce choix.

Fallait-il « sauver des vies à tout prix ? »  Sur le plan moral, la réponse est évidemment « oui ! ». Cela veut dire qu’on ne cherche pas à faire des économies financières sur la vie. Mais sur le plan économique, social, et surtout éducatif,  il faut se demander qui paye le « à tout prix ». Si ce sont les forces vives du présent et les enfants - qui seront celles de l’avenir - on peut penser que la réponse est « non ».[ii]

Je ne me lancerai pas dans cette discussion trop longue, et terminerai par une prise de position personnelle, dérogeant à l’attitude scientifique que je m’étais efforcé de garder tant bien que mal. Ayant très largement passé l’âge moyen en bonne santé, m’approchant à grands pas de l’âge moyen masculin de décès, je me trouve être en excellente santé. S’il m’arrive d’être malade, ou simplement gêné, j’attends de la médecine qu’elle me soigne, je paye assez cher pour cela. Encore faut-il que le soin proposé apporte un supplément de vie en bonne santé et dans la dignité. Si, pour prolonger mon existence déjà bien remplie, il faut sacrifier le travail, les contacts sociaux, l’éducation, la culture, le droit de se déplacer, en un mot la joie de vivre de la jeunesse et sacrifier l’enfance, ma réponse est sans équivoque : NON !

 



[ii] Beaucoup d’auteurs s’y sont intéressés depuis le début de la crise. Chercher avec google, à partir de la phrase « sauver des vies mais à quel coût ? »

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Commentaires
Bruno Décoret
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ScienceCritique : Réflexions sur l'usage de la science

Ce blog, initialisé le 9 avril 2020, a pour but un regard critique sur toutes les références faites à la science, par les acteurs politiques, médiatiques, ou autre. Il ne suffit pas de dire « c’est la science » ou « les scientifiques ont dit » pour être réellement dans un processus scientifique. La science ne peut se réduire à des incantations.

Dominique Beudin développe sur son site professionnel une résistance à la grave situation actuelle que connaît notre pays. C'est avec plaisir que je conseille sa consultation. BE-ST résitance.

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