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ScienceCritique : Réflexions sur l'usage de la science
13 mai 2020

Déconfinement et décontamination

Déconfinement et Décontamination

 

La France tente de se relever de la torpeur dans laquelle elle a été plongée par l’anesthésie baptisée « confinement ». Un regard critique sur le confinement lui-même me paraît plus que jamais nécessaire pour en bien sortir. La cacophonie actuelle confirme les doutes exprimés ici quelques articles plus haut. Il s’agit d’une démonstration « par l’absurde » : si le confinement avait été scientifiquement justifié, le déconfinement se produirait dans l’ordre et le consensus. Ce n’est manifestement pas le cas.

 

1°) Le confinement a eu pour objectif de désengorger les services de réanimation afin de soigner des malades très atteints. Or le succès de cette opération n’est pas miraculeux : « être placé sous respirateur artificiel n'est pas anodin, et les conséquences nombreuses, notamment à la sortie de réanimation. » titrait déjà LCI début avril.[i] Des organes peuvent être gravement atteints, notamment les reins nécessitant éventuellement une dialyse. Le risque de subir des séquelles est énorme, surtout chez les patients âgés. Pour soigner ces séquelles, « les malades sortant de réanimation devront effectuer de la rééducation, pour réapprendre à marcher ou à respirer. » La survie du patient n’est pas garantie. Dans un article plus récent, Anne-Laure Boch[ii], médecin et philosophe, précise que « entre 50 et 60% des patients âgés entrés en réa pour un SDRA y décèdent, et parmi les survivants près de 50% décèdent dans les 6 mois suivant leur sortie. Les autres sont relégués dans des EHPAD – alors même qu’ils étaient "autonomes à domicile", selon l’expression consacrée, avant leur maladie… Les vieux ne se relèvent jamais de cette épreuve, au propre comme au figuré. La plupart restent grabataires et dépendants. » La question se pose sérieusement de savoir s’il était opportun de leur faire subir ce traitement, ou s’il s’agit d’un acharnement thérapeutique. A-L Boch ne cache pas son opinion, son article mérite la lecture.

Plus généralement, la mortalité en réanimation est « beaucoup plus forte qu’annoncée »[iii] et se situerait entre 30% et 40%. Il se peut qu’à New York, ce soit pire, si l’on en croit le Petit Journal[iv] : « 80 % des patients contaminés au covid-19 intubés sont décédés ».

 

2°) Un point particulièrement délicat pour « déconfiner » est le retour des enfants à l’école. Les informations et prises de positions contradictoires sont légions. Après s’être tu pendant le confinement, le ministre de l’Education Nationale prend une position ferme. Citant un pédiatre, il précise que "laisser les enfants chez eux leur ferait courir un risque supplémentaire"[v]. Ce serait comique si ce n’était tragique : on aurait donc fait courir un danger aux enfants en les confinant.  Le ministre trouve l’appui de plusieurs médecins, des pédiatres : "Le rôle des enfants dans la dynamique de l'épidémie chez l'adulte parait modeste et concernerait plutôt les adolescents de plus de 15 ans".  C’est rassurant (et corroboré par de nombreuses études et témoignages de praticiens). Leur contagiosité est minime, comme on le savait depuis longtemps. Pourtant, le conseil « scientifique » n’est pas de cet avis : "Le rôle des enfants dans la dynamique de l'épidémie chez l'adulte parait modeste et concernerait plutôt les adolescents de plus de 15 ans".[vi] Une fois de plus, les divergences entre les « scientifiques » montrent que la démarche est, scientifiquement, un peu légère. La liste des préconisations dudit conseil « scientifique » à l’usage des établissements scolaires est délirante et montre surtout que ceux qui l’ont rédigée ignorent complètement ce qu’est une école. [vii]

 

3°) Tous les pays n’ont pas réagi de la même façon que le nôtre. Les Pays Bas, l’Allemagne, la Suède, ont pris des mesures beaucoup plus légères. Or leurs taux de mortalité sont moindres qu’en France. Les responsables suédois affirment que, dans leur pays, le taux d’immunité est nettement plus important qu’ailleurs. «Nous pourrions parvenir à une immunité collective à Stockholm en quelques semaines. Nous pensons que jusqu’à 25 % des habitants de Stockholm ont été exposés au coronavirus et sont peut-être immunisés »[viii]. Or on sait qu’il faut que ce taux arrive aux alentours de 70% pour que l’épidémie s’arrête. En France, selon l’institut Pasteur[ix], ce taux est de 6%. La conclusion de l’étude de l’IP est d’ailleurs[BD1]  surprenante : « Ce niveau d’immunité est donc très inférieur au niveau nécessaire pour éviter une seconde vague si toutes les mesures de contrôle devaient être levées. En effet, l’immunité collective nécessaire est actuellement estimée à 70%. Par conséquent, des efforts importants devront être maintenus au-delà du 11 mai pour éviter une reprise de l’épidémie ». Autrement dit, il n’y a pas assez, loin de là, de personnes ayant eu contact avec le virus et il faut continuer à empêcher ce contact. Pas très scientifique ! Le même rapport note que le taux de mortalité chez les personnes infectée en France est de 0,5%, mais monte à 31% pour les hommes de plus de 80 ans. Ce sont bien les personnes très âgées (hommes surtout)  qui courent un risque grave. Mais, comme on l’a vu plus haut, s’ils réchappent à l’intubation et au virus, ils restent dans un état peu enviable.

On nous a « vendu » le confinement en disant que le monde entier réagissait de même, ce qui est faux. Outre les exemples précédents, citons l’OMS : « "Nous n’avons jamais dit d’instaurer des mesures de confinement. Nous avons dit de suivre, tracer, isoler, traiter”, soutient Margaret Harris.[la porte parole de l’OMS] ». Elle précise plus loin « il aurait été plus efficace d'imposer un contrôle strict des personnes testées positives et la mise en quarantaine de ceux qui ont été en contact avec elles. » Où est l’unanimité ?

 

4°) Deux chercheurs français de haut niveau, Jean François Toussaint[x] et Andy Marc[xi]  analysent la situation dans un article de la très sérieuse revue « La recherche [xii]».

Le point de départ est une estimation « par un groupe d’épidémiologistes britanniques de l’Imperial College de Londres. … [qui] a conseillé une réponse uniforme à la plupart des gouvernements, sur la base de modèles mathématiques ». Ces estimations « annonçaient aussi un total de 70000 morts pour la Suède[xiii] et de 500 000 décès pour le Royaume Uni. » Or l’épidémie est en train d’entamer la phase de baisse et l’on est très loin de ces chiffres.

Les conclusions de nos deux chercheurs sont claires :

  • Rien ne permet d’affirmer l’efficacité du confinement en France : « l’issue finale pourrait donc ne pas même avoir été modifiée : aucune courbe nationale ne montre d’inflexion différenciée mais un parcours le plus souvent semblable, quelles qu’aient été les décisions prises »
  • Il aurait été nettement plus efficace de concentrer l’effort sur les personnes à haut risque et les soignants. On aurait ainsi permis à la population « [des] jeunes et des plus actifs, d’éteindre l’épidémie en réduisant la taille de la population cible »
  • Le confinement risque d’avoir des conséquences tragiques sur le traitement d’autres maladies, et un impact très négatif sur la santé des personnes.
  • Les conséquences économiques sont catastrophiques.

 

Je constate, non sans une certaine satisfaction, que ces propos ressemblent à ce que j’avais décrit dans un premier article du 9 mars. Comment un non spécialiste a-t-il pu, seul et avec le secours d’internet, arriver à une conclusion très proches de celles de savants spécialistes de la question et travaillant sur le terrain ? réponse simple : en faisant preuve d’esprit critique, en ne gobant pas tout ce qui est hurlé par les médias, en réfléchissant à la crédibilité des affirmations, en croisant les informations, bref en réfléchissant. Ah, si ! j’ai utilisé une méthode mathématique : la règle de trois. Pas besoin d’être docteur et agrégé en maths !  

 

Que faire Maintenant ?

Il va falloir, non seulement reprendre nos activités et en particulier l’éducation de nos enfants dans les écoles, mais aussi nous décontaminer de ce poison autrement plus dangereux qui a tenté de contaminer nos esprits : la peur fabriquée par l’invention d’un danger qui n’existait pas.

Certains sont plus atteints que d’autres, il faudra donc procéder par étapes, sans brusquer.

Personnellement je n’ai jamais eu peur et je me suis protégé de la contamination idéologique par les méthodes exprimées ci-dessus, accessibles à tous ; chacun d’entre nous est capable de réfléchir et d’éliminer les informations toxiques qu’il a malgré lui enregistrées. Que ceux qui ne sont qu’un peu atteints commencent par faire le travail de décontamination, en lisant, réfléchissant, discutant avec d’autres, faisant fonctionner leur esprit critique et leur envie de vivre. Lorsqu’ils se seront débarrassés du poison, ils pourront aider les autres, de manière à atteindre un niveau d’immunité collective suffisante pour que les informations néfastes ne puissent plus circuler. Lorsqu’une majorité se sera désinfectée du mensonge et de la peur, les autres suivront rapidement. En fait, on viendra à bout de cette terrible et véritable épidémie psycho-toxique, de la même manière que pour une épidémie virale.

 

Un jour proche, nous pourrons considérer que cette triste aventure fait partie de notre passé ; nous sortirons, irons au restaurant, au théâtre, au match de football. Nous nous promènerons librement dans la nature et dans la ville, et retrouverons la joie de nous rencontrer, de nous embrasser, de jouer ensemble. Nous ne nous laisserons plus corroder par les marchands de malheur.

Plus jamais ça !

 

 

 



[iii] le Monde, 27 avril.

[iv] Le petit journal, 15 avril.

[v] FranceInfo, 12 mai.

[vi] ibid

[viii] Libération 5 mai. 

[ix] Institut Pasteur, 21 avril

[x] Directeur de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport.

[xi] Chercheur en biostatistiques.

[xii] La recherche 22 avril. 

[xiii] Le Monde, 3 avril


 [BD1]

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Commentaires
Bruno Décoret
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ScienceCritique : Réflexions sur l'usage de la science

Ce blog, initialisé le 9 avril 2020, a pour but un regard critique sur toutes les références faites à la science, par les acteurs politiques, médiatiques, ou autre. Il ne suffit pas de dire « c’est la science » ou « les scientifiques ont dit » pour être réellement dans un processus scientifique. La science ne peut se réduire à des incantations.

Dominique Beudin développe sur son site professionnel une résistance à la grave situation actuelle que connaît notre pays. C'est avec plaisir que je conseille sa consultation. BE-ST résitance.

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